Anne-Paule Lerosier
Coach professionnelle et formatrice
Animatrice et fondatrice d’Osons la relation
Voici une première présentation formelle :
Et une autre présentation plus informelle !
Peux-tu nous dire en une phrase qui tu es ?
Je suis une créatrice de liens, une travailleuse sociale, une femme, une épouse, une mère, une amie et une soeur. Je suis aussi coach professionnelle, formatrice et animatrice. Le lien entre tout ça c’est ma grande sensibilité et une soif de la rencontre de l’Autre, et j’ai compris avec le temps que dans toutes ces expériences et ces relations, je cherche et trouve le sens et finalement c’est aussi moi-même que je trouve.
« Une des choses que je préfère dans la vie, c’est parler de la vie ! »
Qu’est-ce que tu aimes dans la vie ?
Une des choses que je préfère dans la vie c’est… parler de la vie !
Parler avec les gens, découvrir l’Autre, les Autres, écouter les histoires, les anecdotes, rire et pleurer, chercher le sens, le trouver ou pas, pour moi c’est la vie. Et, je crois que je pourrais passer mon temps à ça : être assise à une table et rencontrer des personnes, des nouvelles, des anciennes, des enfants, des jeunes, des actifs, des personnes âgées, des retraités, des malades, des exclus, des drôles, des mal-dans-leur-peau, …
Quand je cherche d’où cela me vient, je me revois, enfant, assise à la table de ma grand-mère : une grande table de ferme avec deux chaises à chaque bout, et des bancs sur les grands côtés. Ma grand-mère habitait en pleine campagne aux abords d’un carrefour, si bien qu’il y avait toujours des visiteurs pour prendre le café. Alors, les adultes passaient de longs temps à discuter, à parler du monde, de la vie, des Autres, de soi. Ce que j’aimais plus que tout, c’était écouter et ressentir. Il est arrivé que nous soyons 5 ou 6 sur chaque banc, serrés, attablés, ensemble. A cette table, j’ai appris le sens du mot accueil et l’importance d’avoir toujours un café à proposer.
« Je suis marquée de chaque personne que je rencontre. »
Dans tes podcasts, tu nous fais découvrir des créateurs de lien… quels sont les liens qui t’ont aidée à te construire dans le milieu du travail social, et à construire ce projet ?
Ouuuuuuh !!! Des liens qui m’ont aidée à me construire dans le milieu du travail social ?! J’ai presqu’envie de dire que je suis marquée de chaque personne que je rencontre. Ça fait peut être un peu « cuicui les petits oiseaux », mais c’est vrai. Chaque rencontre avec les personnes de la rue, les bénévoles et les professionnels, est l’occasion d’une question, d’un ajustement, d’un retour, d’une énergie, d’un dépassement de soi, etc.
Il y a des personnes dont je me souviens plus que d’autres, c’est sûr !
J’ai compris avec le temps que je ne pourrai pas durer dans le travail social si je ne me construisais pas mon propre réseau de soutien, exactement comme ce que l’on souhaite faire pour les personnes accompagnées. Alors, à un moment j’avais une coach, un mentor, une thérapeute, ça c’était l’artillerie lourde, mais j’avais aussi mes anciennes collègues avec qui je pouvais parler des heures de la pratique, du monde idéal, rire et pleurer parce que je savais qu’elles savaient. Et j’avais aussi les amis qui ne faisaient pas de travail social avec qui je pouvais décompresser.
Pour construire Osons la relation, il y a toujours mes anciennes collègues avec un petit groupe qui s’est étoffé d’amies et de ma petite soeur, je les sollicite quand j’ai une question métaphysique, que j’ai besoin d’une relecture d’article ou quand je veux confronter une idée. Je les appelle aussi quand j’ai besoin d’un coup de boost ! Souvent toutes ces personnes me redonnent le sens, me rappellent où je voulais aller au début, elles m’aident à garder le cap.
Il y a aussi des liens professionnels avec des personnes qui font le même métier que moi avec qui je peux parler de cette vie d’indépendante, de formatrice, de coach, avec qui je peux rire aussi de ce qui m’arrive dans un groupe ou qui auront les bons conseils sur une posture, un outil, une idée sur une façon d’aborder une situation.
Il y a mon mari aussi Gaétan, je ne vais pas dire « Sans qui je ne serai pas là » ! Mais bon, il est clairement mon premier soutien et comme quand je travaillais dans la rue et l’accueil de jour, c’est lui qui accueille tout ! mes joies et mes peines sans filtres ! Je dois dire qu’il a le coeur bien accroché !
Et puis, il y a encore celles et ceux qui ne me font pas penser à mon travail et qui me permette de décrocher en deux temps – trois mouvements afin de me ressourcer.
« A chaque rencontre, c’est une petite aventure. »
Et pour toi alors, c’est quoi oser la relation ?
Oser la relation pour moi, c’est dépasser ce que je vois de l’Autre avec mes yeux, pour aller à la rencontre de la femme ou de l’homme qu’elle ou il est, de ce que cette personne vit, perçoit du monde, pense, ressent, etc.
Quand j’ose la relation, je donne de moi, de mon énergie, de mon sourire, de mon envie de rencontre…
C’est aussi accueillir ce que l’Autre me renvoie sur le monde, la vie, sur moi, sur lui, sur l’être humain, du sens… parfois c’est beau, d’autres fois ça fait mal, ou alors ça réveille un truc par surprise, etc.
Quelles relations oses-tu ?
C’est sûr qu’il y a des relations qui sont plus faciles que d’autres, et puis il y a les personnes que je connais depuis longtemps ! mais j’ai l’impression qu’à chaque nouvelle rencontre ou retrouvaille, je dois oser ! un peu ou beaucoup… surtout si je veux vivre cette authenticité. A chaque fois c’est une petite aventure !
Les rencontres qui me donnent du fil à retordre et pour lesquelles j’ai plus encore besoin d’oser sont celles avec les personnes qui ont des carapaces difficiles à dépasser, et là je ne pense pas forcément aux personnes de la rue !
La relation est une matière particulière qui est fascinante à modeler, regarder, observer, qui est exigeante aussi et tout le temps en mouvement.
Qu’est-ce que tu souhaites que tes lecteurs trouvent dans ce blog ?
Ce blog s’adresse à celles et ceux qui utilisent le lien, la relation comme la matière à travailler pour arriver à leur fin. Ces fins peuvent être l’accompagnement, la transmission, le soin, l’insertion, la sortie de l’exclusion, etc. Je précise juste que ce sont des fins positives au service de la personne qui est accueillie, soutenue, accompagnée, soignée.
La relation est une matière particulière qui est fascinante à modeler, regarder, observer, qui est exigeante aussi et tout le temps en mouvement. Du coup, c’est une activité épanouissante vraiment, et aussi difficile.
Quand on travaille la relation et le lien comme le font les bénévoles sociaux et les professionnels du social, mais aussi les soignants, les enseignants, les animateurs, l’outil de travail c’est nous-même et donc ça nous demande d’apprendre à nous connaître, à accepter nos forces et nos limites, à saisir le langage de nos émotions, à accueillir notre impuissance et à comprendre notre toute-puissance, à nous connecter à nos valeurs, à ce qui est important pour nous, à être en accord avec notre mission, etc. Et tout cela s’apprend en marchant.
Sur ce blog, j’ai envie que les créateurs de liens puissent venir lire et dire « oui c’est difficile et c’est génial en même temps » et qu’on se mette d’accord là-dessus. Quand je travaillais en accueil de jour, je me sentais assez isolée avec mes questions, avec mes émotions aussi. J’avais une équipe super ce n’était pas le sujet avec laquelle il y avait beaucoup de paroles, de mots posés sur notre pratique, mais les questions existentielles, spirituelles, métaphysiques que me faisaient me poser les relations et les rencontres, finalement je les gardais pour moi. J’aurais été contente de pouvoir lire quelque part « C’est génial ce que tu fais, c’est difficile aussi, et pas anodin, c’est normal que ça te travaille à l’intérieur, regarde tout ce qu’il y a pour bien vivre ton engagement. »
C’est de ça dont j’ai envie pour Osons la relation : travailler sur le lien avec les Autres et le lien à soi aussi, que les créateurs de lien trouvent à la fois des ressources pour se sentir bien dans la relation et des outils. Qu’entre vie professionnelle ou bénévole et vie privée, il y ait cet espace, où on peut chercher, penser, mettre des choses au travail, se ressourcer, partager et se reposer.
Si tu devais leur laisser un seul message lequel serait-il ?
C’est un enseignement que je retire de mon parcours :
vivre la relation est une convocation à mieux se connaître. Tout comme on ne peut faire l’impasse de l’Autre dans la relation, on ne peut pas faire l’impasse de soi.
La relation d’accompagnement, c’est entamer un chemin de croissance pour chacun, celui qui est soutenu et celui qui soutient.