Quand la relation devient un réel outil de justice sociale !

par | 17 Jan 2024 | Posture d'accompagnement

Rencontrer la personne où elle se trouve et où elle en est, soigne les exclusions.

La relation est le seul canal par lequel la rencontre entre deux personnes est possible. C’est bien le seul outil permettant d’aller vers et de créer des liens avec les personnes exclues, marginalisées, éloignées, isolées.

Elle est donc : un outil majeur de lutte contre les exclusions !

L’aller vers est une pratique de travail social qui consiste à aller là où les personnes visées se trouvent. Il peut s’agir d’un lieu physique : coin de rue, domicile, quartier, ou même un lieu virtuel par le biais des réseaux sociaux.

Mais j’aimerais porter l’attention sur le double sens psychique de cette pratique, il s’agit également de rejoindre là où la personne en est dans sa tête et dans sa vie. Sans la relation, cette connexion ne peut avoir lieu. Les personnes pratiquant la maraude savent bien de quoi je parle.

Notre rôle est de créer des relations qui font du bien

Par notre approche, notre façon de rencontrer, d’être à l’écoute, nous pouvons proposer des relations différentes des relations habituelles de la personne.

Je le crois dur comme fer. Notre rôle est de créer des relations qui font du bien, pour permettre aux personnes rencontrées de savoir que ce type de relation est possible, que la violence, la comparaison, l’agressivité, l’ignorance, le mépris ou l’opposition ne sont pas les seules modes de relation possible.

Une approche qui rend la relation modélisante

En accueil de jour, je me souviens encore des retours, la façon dont nous étions en relation avec la personne nous était souvent renvoyée : “Ici, je peux être moi-même” ou encore “Vous êtes humanisants”. Je me souviens même de Jean-Michel, disant : “Dehors, je suis un con. Ici, je suis quelqu’un, parce que vous me voyez comme ça !”

Il s’agit pour chacune des relations que nous construisons de proposer une rencontre d’égal à égal, sans rapport de pouvoir sur l’Autre ou de soumission.

Cela ne veut pas que dire que ça sera bien reçu. Loin de là. Il y a quelque temps, j’ai entendu une interview dans laquelle une personne vivant dans une colocation de l’Association pour l’Amitié disant : “Cette bonté m’est insupportable ! Parfois, je suis obligé de partir pendant quelques jours pour redescendre en pression.”

Agréable ou non, toujours est-il que c’est vivant !

La relation est un lieu d’échange entre deux personnes, un canal de réciprocité, d’expérience. Quand nous rencontrons quelqu’un, cette personne stimule en nous quelque chose, et nous-même stimule quelque chose également chez cette personne.

Ce quelque chose est une énergie, un flux, un mouvement, une émotion. C’est agréable ou désagréable, toujours est-il que c’est vivant ! C’est d’ailleurs pour ça que les relations ne sont pas toujours faciles à vivre. L’Autre peut nous renvoyer des choses de nous-même, des sensations que l’on n’a pas toujours envie de connaître ou de ressentir à ce moment-là. C’est bien connu : “L’enfer, c’est les autres” !

L’intolérance et l’isolement naissent-ils pas parce que l’Autre et ses différences sont insupportables pour la personne ? Tout cela est à accueillir, à faire parler, à dire, c’est justement grâce à la relation que l’on soigne nos relations.

Nous, les êtres humains, sans les Autres, sans la relation, nous ne sommes plus !

Le lien est autant nécessaire à notre vie que l’eau ou la nourriture.

La relation est nécessaire à notre construction

La relation répond à notre besoin de :

  • reconnaissance → exister pour quelqu’un ;
  • participation → aider quelqu’un ;
  • sécurité → quelqu’un peut venir m’aider dans une situation difficile ;

Ces besoins de reconnaissance, de participation, de sécurité, sont des éléments indispensables à la construction de notre identité.

Elle permet de nous mettre en mouvement

J’aime prendre l’exemple simple, celui où l’on marche dans la rue, alors parfois, la relation nous invite à dépasser nos limites car :

  • quelqu’un marchait à côté de nous et c’était dérangeant ;
  • nous sommes attendus par quelqu’un, quelque part ;
  • une autre personne compte sur nous ailleurs ;

La relation remplit nos réservoirs d’estime de soi, d’amour de soi et de confiance en soi. Plus ces réservoirs sont remplis, plus ils nous poussent à nous mettre en mouvement.

J’en ai le cœur net et c’est tous les jours un peu plus au centre d’Osons la Relation :

La relation est un outil de justice sociale ! C’est pour cette raison que nous devons prendre soin des personnes rencontrées et des relations que nous construisons avec elles.

Nous devons prendre soin des accompagnateur.rices, animateur.rices, travailleurs sociaux, soignant.es, agent.es d’accueil et de services, maîtresses de maison, éducateur.rices, bénévoles.

Nous avons à soigner les liens faibles et les liens forts de notre quotidien et c’est ce que je vous propose de voir dans ma formation → Accueillir les émotions : les siennes et celles des autres, émotions qui sont au cœur de chaque relation.

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